dimanche 25 mars 2007

Le May, Toulouse, dîner du Lundi 19 Février 2007

Depuis l'église Saint Sernin descend une sorte de long toboggan qui s'enfonce dans les profondeurs de Toulouse, dont on peut suivre naturellement la pente rectiligne en empruntant la rue du Taur, puis en traversant tout droit la place du Capitole, et en plongeant ensuite dans la rue Saint Rome. Si l'on n'y prend garde, les pas suivent imperturbablement cette ligne glissante et peuvent mener, sans que l'on ait à tourner ou rencontrer un quelconque obstacle jusqu'au... périphérique extérieur. Pour qui aurait le pas leste et saurait faire preuve d'un peu de distraction, il suffirait d'une heure et de quelques quatre kilomètres pour échouer finalement là, arrêté par un bain, disons... de gaz d'échappement.
Bien qu'assez ignorants de la géographie toulousaine, nos pas nous ont heureusement arrêté avant cette destination peu propice à nous procurer les plaisirs recherchés, soit des réjouissances gustatives. Ce qui ne nous a pas empêché d'aller fort avant le long de cette voie glissante à la recherche d'un restaurant, le soir de notre arrivée dans la ville, après avoir visité l'admirable musée Georges Labit.
Je ne peux pas véritablement dire que la tâche de trouver une bonne table ce soir là nous a été facile. La ville semble réticente à livrer ses secrets sur le délicat sujet de la gastronomie. Aucune enseigne ni aucune carte n'est parvenue à nous taper dans l'oeil, et ce n'est pas faute d'avoir, une fois extraits de l'axe dont je parlais à l'instant, tourné assez longuement dans les ruelles nocturnes.
Si je retiens trois lieux où nous avons failli manger, je citerai un indien qui présentait une carte assez originale, comportant -du jamais vu pour moi en dehors de mon séjour à Katmandou- des plats népalais. Mais depuis qu'une personne de notre connaissance a trouvé un cafard mort dans l'assiette d'un restaurant indien où nous avions plus ou moins nos habitudes (l'India), nous avons quelque réticence à manger des plats indiens ailleurs qu'à la maison, et Patoumi, dont la mémoire ne défaille jamais, n'a pas manqué de me rappeler, malgré l'humidité glacée de la nuit, ce fait d'importance. L'effet dissuasif fut immédiat. En parcourant encore la ville nous eûmes la surprise de nous apercevoir que tous les restaurants indiens environnants présentaient la même carte avec, chose encore plus étonnante, exactement le même descriptif des plats et du pays dont ils étaient originaires. Un seul et même propriétaire détenait-il le monopole de ces restaurants, où une usine de menus faisait-elle des prix de gros tellement intéressants que les cuisiniers s'alignaient sur ces cartes au lieu de les créer par eux-mêmes, je ne sais. Quoi qu'il en soit, ceci nous a, de ce côté-là, évité des regrets superflus.
On ne peut pas en dire autant du restaurant coréen (le Yo) que nous avons croisé place de l'église de la Dalbade. Sa carte a su nous allécher, avec son bibimbab, son bulgogi et ses sautés, mais surtout nous désespérer, puisque nous avons trouvé porte close les deux soirs de notre séjour.
Autre déception, un restaurant thaï (le Baan Siam), dont l'aimable sourire de la serveuse qui n'osait pas nous dire que notre cause était désespérée, autrement dit que son alléchant restaurant était bel et bien complet, n'a pas réussi à effacer notre regret de n'avoir pas goûté leur cuisine.
En fin de compte et non sans tergiversations, nous avons fini par faire escale au May, lassés de tourner en rond, et de nous retrouver inlassablement à descendre et remonter ce toboggan dont la monotone linéarité commençait à fatiguer nos yeux, et surtout nos pieds.
Bien que nos deux amoureux aventuriers y soient entrés fatigués, affamés, voire déprimés, ils en sont sortis le sourire aux lèvres. Pourquoi ?
Le cadre est assez chaleureux, plutôt simple ; objets hétéroclites, affiches et tableaux habillent les murs. Serveur et serveuse sont aimables, souriants et efficaces tout en restant discrets. Les toilettes sont propres, il ne faut pas être immense mais il ne manque rien (genre savon et essuie main jetable). Et surtout : c'est quand même franchement bon marché.
Les plats semblaient très (trop) classiques sur la carte, et nous avons été surpris car nous avions choisi nos plats sans trop de conviction. Pour ma part, mon choix s'est porté sur le Dos de colin à la provençale. La cuisson du poisson est parfaite, juste ce qu'il faut de fermeté et de fondant. Son habillage à la provençale est bien relevé, thym, laurier, huile d'olive se combinant avec équilibre aux tomates concassées. La surprise réside particulièrement dans l'accompagnement, annoncé comme une purée de carotte-brocolis ainsi qu'une petite mijotée d'endives. En vérité, l'un comme l'autre de ces accompagnements ne laissait que peu dévoiler leurs matières premières, étant dominé chacun et différemment par un bouquet d'épices très harmonieux -que je n'ai malheureusement pas réussi à identifier avec précision. Il semble que le cuisinier, qui porte un prénom semble-t-il moyen-oriental ou du maghreb (?), a su apporter à sa cuisine plutôt de tradition française la petite touche de par chez lui qui rend l'assiette vraiment originale. La brochette d'agneau aux épices de... (prénom du cuisinier) qu'a choisie Patoumi, révèle des saveurs marquées et subtiles, également venues, à ce qu'il m'a paru, de par là bas, et se décline avec le même accompagnement que mon plat.
Pour le dessert, la tarte banane-chocolat, très classique, n'a renversé personne mais s'est laissée manger avec plaisir dans la suite des plats. J'ai malheureusement avalé son terroir avec le contenu de mon verre de vin, donc je ne peux rien en dire.
Nous sommes sortis rassérénés et rassasiés, prêts à affronter la remontée du toboggan pour rejoindre notre hôtel situé derrière la belle église Saint Sernin.

Le May, 4 rue du May 31000 Toulouse 05 61 23 98 76
Le Yo, 3 rue Henri Gorsse 31000 Toulouse 05 62 17 09 28
Le Baan Siam, 12 rue Maletache 31000 Toulouse 05 62 26 53 03
Et l'India, 41 rue Saint Georges 35000 Rennes -pour s'éviter le cafard...

Posté par G.

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