dimanche 11 mars 2007

La Cave du Sommelier, un peu de notre vin quotidien

A la minute où j'écris ces lignes, une superbe volaille est en train de débuter son existence de poulet roti-mijoté, enveloppé dans notre cocotte rouge, elle même assoupie dans notre four. Il doit ce destin miraculeux à notre promenade virtuelle d'hier soir, au cours de laquelle notre route a croisé celle de Lili63 et sa très appétissante photo. Notre poulet à nous, s'il connaît également une cuisson de trois heures, préférera être accompagné de carottes et d'oignons, mon estomac encore un peu fragile de ses malheurs d'avant-hier préférant au citron et au thym des saveurs un peu plus neutres. Je reviens à l'instant de la rue Vasselot où je suis allé chercher, seul, puisque Patoumi sait faire preuve du sérieux qu'il faut, les produits nécessaires pour faire rempart à toute mélancolie, et pour réjouir nos papilles à notre festin de ce midi.
A la boucherie Au Boeuf Charolais, j'attends tranquillement, plein de contentement silencieux en constatant la maigre queue devant moi alors qu'il est dix heures, quand je sais le cauchemar qui m'aurait attendu, si j'ose dire, une heure plus tard. Même si à peine une dizaine de personnes, moi compris, attendent leur tour, je me trouve à l'extérieur de la boucherie, qui elle-même déborde sur la chaussée par une petite vitrine-rotisserie où des poulets, des filets de porc bien ficelés et des portions de lard caramélisent sous mes yeux dans une odeur capiteuse. Si pour certains il n'est pas besoin de faire sa viande soi-même, notre boucher a prévu pour lui tenir compagnie un gratin de courgettes et des pommes de terre sautées dont la robe luisante et dorée me laisse deviner qu'elles la doivent à un long bain de jus de roti. Tandis que je contemple ce spectacle avec presque de l'appétit alors que nous venons de petit-déjeuner, un monsieur aux airs de grand-père demande devant moi un "poulet chaud". Son "merci, ce sera tout" en réponse au "vous désirez autre chose ?" du boucher qui vient de saisir d'un geste preste la volaille croustillante, me déconcerte et je me retrouve dans l'instant identifié à lui ("merci, ce sera tout" étant la formule qu'en général j'emploie pour décliner les incitations à la consommation des commercants), m'imaginant à son âge, soit dans une quarantaine d'année, moi, papy G., désireux de jouir de jours paisibles avec Patoumi sans trop d'efforts à faire, en train donc de venir, comme aujourd'hui, chercher non pas un poulet à préparer mais un tout prêt que nous dégusterions sur notre balcon ensoleillé, commentant les va-et-vient des passants en sifflant une petite bouteille de vin de l'ardèche de l'année... 2047 ?
Après être passé rapidement par l'épicerie A la bonne fermière, pour me procurer les carottes et les oignons, bons compagnons de ma volaille (le boucher aura su me trouver "le plus petit de la basse cour", soit un poulet bien charnu d'un kilo deux, pour deux amoureux), ainsi que les tomates cerises Coeur de pigeon à envelopper de Mortadella Bologna pour l'apéritif de ce soir, je me dirige vers notre caviste préféré, la Cave du Sommelier.
Patoumi et moi aimons les commerçants souriants et accueillants ; c'est ainsi qu'est notre caviste, en plus d'être de bon conseil, et c'est pourquoi nous lui sommes fidèles. Si cela peut paraître une évidence, ça ne l'est pas pour tout le monde, et certainement pas pour tous les commerçants. Pas si loin de là où je contemple à l'instant ces jolies bouteilles, on trouve d'ailleurs un buraliste dont les propriétaires sont parmi les plus odieux qu'il m'ait été donné de rencontrer. C'etait un dimanche matin d'hiver, et je voulais me procurer un magazine dont le titre m'échappe aujourd'hui (Patoumi et sa mémoire extraordinaire s'en souviendrait sans nul doute, mais je ne veux pas l'interompre dans son travail). Sachant que ce marchand de journaux est ouvert, nous nous y rendons. Ce dimanche-là, il fait froid, je mets donc mon manteau à capuche. Grave erreur. Ne savais-je pas que le manteau à capuche est le signe auquel on reconnait le jeune, et que le jeune est un voleur, un délinquant, un drogué, j'en passe, a fortiori quand il est accompagné d'une immigrée ? Bref, à peine penché sur le magazine dont j'examine tout de même le sommaire avant de l'acheter, j'entends une voix éraillée et mugissante et je vois une grosse vache à la tignasse péroxydée, ravagée par l'âge et l'aigreur, fondre sur moi avec un "C'est pas une bibliothèque ici ! Vous achetez, ou vous partez !". Nous avons pris le parti de sortir, non sans cris et fureur comme réponse à cette harpie. Je n'ai finalement eu qu'une satisfaction, ne pas avoir augmenté le pécule de cette morue de quelques euros ; j'en ai une autre aujourd'hui, celle de signaler que la presse tabac La Joffrerie, 14 rue du Maréchal Joffre à l'angle de la rue Vasselot, est à proscrire de ses fréquentations, sous peine de soutenir des partisans de certaines orientations politiques que je ne citerai pas, par décence.
Mais tout ceci est bien loin maintenant, et me voilà en train d'interroger notre Sommelier. Patoumi et moi sommes plutôt amateurs de vins légers et fruités du Sud-Est ou de la Loire, et nous trouvons ici notre bonheur. Nous sommes, grâce à notre Cave et à quelques restos chez qui nous avons nos habitudes, comme L'Arsouille, plutôt familiers de personnages comme Hervé Souhaut (Rhône), Olivier Lemasson (Touraine), Catherine et Pierre Breton (Loire), René Jean Dard et François Ribo (Drôme/Rhône), Axel Prüfer (Hérault) etc. etc.
Mais aujourd'hui, il se trouve que je viens acheter un p'tit rouge pour la venue de ma mère, et qu'elle n'aime que les vins du Sud Ouest. Qu'importe ! Il saura me trouver un Buzet, qui j'espère fera son petit effet. Je n'en doute pas, mais quoi qu'il arrive, nous aurons toujours cette consolation d'ajouter une jolie bouteille à notre collection, puisqu'en plus d'être bons et naturels -et donc de laisser mon migrainomètre à des niveaux plutôt plus bas que la moyenne des vins-, nos viticulteurs savent aussi charmer le regard par les jolies étiquettes qui habillent ces bouteilles.

La Cave du Sommelier, 22 rue Vasselot, 35000 Rennes,
02 99 78 85 09
Au Boeuf Charolais, 22 rue Vasselot, 35000 Rennes,
02 99 79 16 30
A la Bonne Fermière 11 rue Vasselot, 35000 Rennes,
02 99 79 16 47


Posté par G.

1 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

Qu'une envie : ... soulever le couvercle de cette cocotte !

11 mars 2007 à 21:57  

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